La clarté et l’obscurité jouent des rôles importants dans l’œuvre l’Étranger d’Albert Camus. L’histoire d’un homme algérois qui vient de perdre sa mère, le roman parle de la philosophie qui concerne tous les êtres humains. Ce qui est toujours une question de la certitude et de l’indéfinie, la philosophie qui se présente particulièrement dans cette œuvre, si vraie, menace de détruire les supports de l’ordre de la société. Donc, pour aller au fond de sa philosophie et l’annoncer d’une façon accessible, il vaut mieux se demander comment Camus joue avec les deux côtés. L’Étranger de Camus, appartient-il à la poétique de l’ambiguïté, ou tout est-il bien éclairé ? Nous verrons d’abord que les événements de l’histoire et les descriptions physiques du roman sont clairement présentés. Nous passerons ensuite au manque de sentiment chez le narrateur ce qui le lecteur se méfie. Enfin, nous discuterons la philosophie de l’auteur transmise à travers le narrateur qui éclaire cette écriture apparentement contradictoire.
L’œuvre de Camus présente l’histoire d’un homme simple qui s’entend bien avec le lecteur. C’est une histoire de Meursault racontée par lui-même, un homme comme n’importe quel homme, qui a une routine tout à fait normale. Il travaille régulièrement en Algérie à tel point que son « patron avait l’air mécontent » quand il lui a demandé deux jours de congé (31). Il habite dans un quartier avec les gens qu’il connaît comme les amis Raymond et Emmanuel. Il va « déjeuner chez Céleste comme d’habitude » (34). Il profite du soleil et il se baigne dans la mer pendant le week-end. Plus tard, il est fiancé à Marie, sa petite amie (67). De plus, il semble avoir une vie tout à fait normale quand il endure la mort de sa mère, « une chose qui devait arriver un jour ou l’autre » et un fait de la vie qui va arriver à tout le monde (53). En tout cas, il participe dans la société avec tout le monde. De plus, il ne se démarque même pas de l’être humain en mettant les événements en valeur. Quand Raymond veut savoir ce que Meursault pense de l’histoire de la tromperie de sa maîtresse, il lui dit « je n’en pensais rien, mais que c’était intéressant » ; quand il demande à Meursault ce qu’il ferait à sa place, il lui dit « on ne pouvait jamais savoir » (51). Meursault reste à part des affaires des autres, et quand ses amis ont besoin de conseil, il ne donne que ce qui est vague et vide d’opinion. Bien sûr, les événements du roman ne sont pas difficiles à énumérer ; Meursault lui-même parle dans un style sec des événements du quotidien comme il ne fait rien que quantifie les événements de sa vie, mais il se concentre méticuleusement sur les détails de son environnement tangible. Il s’intéresse à « la serviette roulante qu’on utilise est tout à fait humide » le soir, à tel point qu’il fait le connaître à son patron qui trouve cela « sans importance » (41-2). Chez Céleste, il note les « gestes saccadés… les mêmes gestes précis d’automate » d’une petite femme qui s’assied pour déjeuner à sa table ; mais, lors qu’elle part, il l’oublie assez vite (69-71). Surtout, il fait attention aux vêtements de Marie, « une belle robe de raies rouges et blanches et des sandales de cuir, » « une robe de toile blanche et ses cheveux (lâchés), » disant toujours qu’il a envie d’elle à cause de cela (55, 75). Et de plus, il ne valorise point ses observations. C’est à cause de ces descriptions soigneuses et de l’accessibilité des événements en général que le lecteur est encouragé à participer à l’histoire avec le narrateur et à s’approcher de lui car il est comme tout le monde. C’est ainsi que le lecteur s’associe au narrateur et lui fait confiance.
Toutefois, l’histoire est présentée par un narrateur qui est à la fois ambivalent et détaché de ses sentiments. Ce phénomène se manifeste dans les sentiments de Meursault envers sa mère. Ayant été interrogé, il répond « sans doute, j’aimais bien maman » (100). Or, dès la première ligne, Camus ne s’intéresse point à la vie de sa mère. Il ne connaît pas l’âge ni la date exacte de sa mort : « Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas » (9). Il ne savait pas non plus qu’elle avait un fiancé, Monsieur Pérez, à l’asile où il ne lui a jamais rendu visite. Tout cela confond le fait s’il aime vraiment sa mère. Intéressant, le même sentiment semble manquer dans ses rapports avec Marie, la fiancée de Meursault : « Elle m’a demandé si je l’aimais. Je lui ai répondu que cela ne voulait rien dire, mais qu’il me semblait que non » (57). L’autre cas où il semble vide de sentiment est le meurtre de l’Arabe. Certes, il est vide de remords, « je ne regrettais pas beaucoup mon acte » et, contre les attentes de la société morale, il se détache de sa culpabilité en disant qu’il l’a tué « à cause du soleil » et de la chaleur ce jour-là (152, 156). Cependant, il rend ses vrais sentiments confus quand il ajoute qu’il « n’avait jamais pu regretter vraiment quelque chose » (153). Ce manque d’émotion chez le narrateur rend Meursault antipathique et exclut le lecteur d’une histoire qui semble être liée avec sa propre vie. En fait, cela rend difficile du lecteur de se rapprocher du personnage de Meursault. Il se méfie donc du narrateur.
C’est peut-être le personnage observateur et ambivalent de Meursault qui brouille la vue du lecteur afin de faire une critique de la société. Toute au long de l’œuvre, le lecteur cherche le sens des actions du narrateur. La société aussi le poursuit en justice surtout pour connaître son mobile pour tuer l’Arabe. Sans explication acceptable, la société lui refuse une place, et il est condamné à mort, « la tête tranchée sur une place publique au nom du peuple français » (162). Sans sentiments, le lecteur perd le but des événements dans le livre, « cela ne veut rien dire, » et il se méfie de lui (100). Enfin, les actions de Meursault tout basculer l’idée bien ancrée dans les gens que la vie a un but essentiel. Camus même partage l’avis existentiel de Meursault que « rien, rien n’avait d’importance » dans la vie (181). C’est la raison pour laquelle Meursault rejette quelques normes de l’humanité, notamment les sentiments de tristesse, d’amour, de remords parce que, vraiment pour lui, « cela ne veut rien dire » (100). À cause de ce rejet, il est considéré comme un criminel, comme « rien d’humain, » comme un véritable « Antéchrist » qui menace de faire déstabiliser toute l’humanité avec son idée impensable (153, 109). Certes, c’est la raison pour laquelle il est condamné à la mort.
En somme, le lecteur s’approche du narrateur et semble entrer dans l’histoire à cause des événements quotidiens et des détails du monde physique soigneusement traité dans le roman. Cependant, en réalité, le lecteur reste en dehors l’histoire en raison d’un narrateur manquant de sentiment pour le monde autour de lui. Tantôt, on entre dans l’histoire, tantôt, on est exclu. Le livre même est obscur dans la façon qu’on le lit. Cette rupture en fait, invite le lecteur à souscrire à la philosophie du narrateur par rapport à la société absurde qui manque de but ultime. En même temps qu’il discrédite son narrateur, l’auteur fait tomber les croyances bien ancrées dans les êtres de la société pour offrir une idée toute neuve à la civilisation, et même très difficile d’apaiser. Alors, c’est l’obscurité de son narrateur qui éclaire la philosophie de l’auteur, et qui rend ce livre inoubliable.
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